Lundi 29 janvier dernier, l'ISEG Marketing & Communication School Lyon recevait Magali Berdah, fondatrice de Shauna Events, pour évoquer la place des influenceurs issus de l'audiovisuel dans les stratégies de marketing & communication des marques. Une conférence qui a fait salle comble, où étudiants et professionnels étaient conviés.
Un an seulement après avoir fondé sa société Shauna Events, Magali Berdah atteint déjà des sommets. C'est en traversant une période difficile que lui est venue l'idée de lier les influenceurs issus de la téléréalité aux marques. Le business de Shauna Events consiste à vendre aux marques des posts publicitaires d'influenceurs issus de la téléréalité vantant les mérites de leurs produits. Un cachet est versé à l'influenceur et l'agence conserve une marge sur la transaction. Deux mois seulement après sa création l'agence Shauna events comptabilisait déjà 80% des candidats de téléréalité. Un an après, elle emploie 20 personnes et gère près de 120 célébrités.
Les influenceurs signent un contrat d'exclusivité, à l'année. Moins de 24h, c'est le temps qu'il faut à l'agence pour monter une opération entre un influenceur et une marque. L'innovation de Shauna Events, c'est permettre à la marque de quantifier son retour sur investissement via des codes promotionnels. En un clic, la marque sait exactement combien de ventes a généré le placement produit réalisé par l'influenceur sur les réseaux sociaux. « L'avantage avec les statistiques d'Instagram, par exemple, c'est que l'on peut connaître immédiatement le profil des consommateurs : leur âge, leurs loisirs, ce qu'ils aiment ». Et c'est un vrai filon pour les marques : certaines, comme Natural Mojo, se sont lancées en faisant de la publicité uniquement sur les réseaux sociaux via les influenceurs. « C'est très risqué pour une marque d'investir dans un spot tv de quelques secondes sans pouvoir connaître son retour sur investissement ni combien de ventes a généré la pub. Quand un spot tv de 30 à 40 000€ touche 800 000 personnes, une publicité sur les réseaux sociaux via les influenceurs coûte quant à elle 1 000 à 2 000€ et touche 1 million de followers. » précise en toute transparence Magali Berdah. Le tarif de la publicité n'est pas indexé sur le volume des ventes et le cachet de l'influenceur dépend du nombre de followeurs ou de likes. Le nombre de codes promotionnels postés par influenceur dépend de son succès et de sa notoriété. « Les influenceurs sont libres, ils testent les produits, peuvent en préférer certains à d'autres. Je leur propose les produits à placer et l'on choisit ensemble. Ils communiquent sur les réseaux sociaux comme ils le souhaitent, je ne leur donne pas d'ordre, ils publient leurs posts selon leurs valeurs et leur mode de vie ».
Quand une étudiante lui demande s'il n'y a pas un paradoxe entre la volonté de se réaliser à long terme et la notoriété parfois brève des candidats de téléréalité, Magali Berdah répond qu'il y aura toujours des célébrités : « je ne peux pas savoir à l'avance combien de temps durera la notoriété des candidats, mais je les engage tous dès leur sortie de la téléréalité ».
Mais le business n'est pas un long fleuve tranquille : « j'ai fondé cette agence avec une intention naturelle et innocente, puis certains ont compris que c'était devenu rentable. Quand on est pionnier, certains veulent prendre votre place tous les jours et j'ai dû me battre pour protéger mon business : les productions ont estimé que les candidats leur appartenaient et ont trouvé que je me faisais de l'argent sur leur dos. Il était indispensable que je contacte directement les chaînes de téléréalité pour que l'on trouve un accord. Certaines productions ont même souhaité me racheter. Afin de ne plus avoir de concurrence, j'ai décidé de m'associer avec le plus grand groupe de productions, Banijay, et son président, Stéphane Courbit ».
Grâce à cette fusion, Shauna Events devient internationale et se développe en Espagne, Allemagne, Italie et Angleterre. L'agence a également diversifié ses influenceurs en faisant appel à des célébrités non issues de téléréalité, comme Maître Gims, Djibril Cissé, Karim Benzema ou encore l'ancienne Miss France Malika Ménard, lui permettant de travailler avec les grandes marques qui ne faisaient pas de publicité sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui sa plus grande fierté, c'est d'avoir signé avec L'Oréal.
Quand on interroge Magali Berdah sur ses relations avec les influenceurs, elle est catégorique : « ils sont dix fois plus compréhensifs, conciliants et à l'écoute que d'autres célébrités, ils sont bien plus faciles à gérer ! »
Á la question très attendue « ne pensez-vous pas que la téléréalité est immorale, est-ce que votre business ne vous pose pas un problème de conscience ? » Magali Berdah répond en toute conscience : « c'est aux parents de surveiller ce que regardent leurs enfants. Je refuse de faire de la publicité pour l'alcool ou le tabac, je choisis mes marques. J'ai eu la chance de connaître Jean-Luc Azoulay, producteur de sitcoms dans les années 90, ce qu'il proposait était très différent des programmes des autres chaînes à l'époque, c'est la même chose pour la téléréalité, il n'y a rien d'immoral. Quand une jeune marque se développe et qu'elle passe de 20 à 100 salariés, je n'ai pas de problème de moralité non, je suis plutôt fière de créer de l'emploi et de participer à l'économie ! »
Et Magali Berdah de conclure : « les influenceurs ont trouvé un équilibre avec moi, et j'ai trouvé le mien également. Je ne pourrais pas me passer d'eux. Ils sont ma famille ».
Une conférence sans tabou qui a permis à tous de voir les influenceurs sous un angle différent !
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